1492. Les Marranes dans l'E'tat pontifical.


Di Pierluigi Casalino 


 
Dans le flot des Juifs qui furent attirés dans l'E'tat pontifical par
la politique bienveillante du pape espagnol Alexandre VI Borgia, monté
sur le tro^ne en aou^t 1492, se trouvaient des marranes. Mal leur en
prit, puisque quatre cents d'entre eux environ furent arre^tés entre
1498 et 1503 et contraints pour la plupart à abjurer le judaisme.
Cependant les Espagnoles furent biento^t assez nombreux pour avoir
leurs propres synagogues, celles des "Catalans" et celle des
"Castillo-Aragonais". Le statut accordé aux Juifs de Rome, en 1524,
par le pape Clément VII, prit acte de cette situation nouvelle. Les
papes de la première moitié du XVI siècle eurent une attitude
favorable à l'égard non seulement des Juifs en général, mais encore se
soit employé à sauver du bu^cher de l'Inquisition le "Messie" Salomon
Molcho, alias Diego Pires, en 1531. En témoigne également la
protection accordée par Paul III (1543-1549) aux marranes installés à
Anco^ne. En effet, des familles portugaises étaient venues s'installer
dans ce port, annexé depuis peu à l'E'tat pontifical, attirées par les
franchises et les profits offerts par le commerce avec le Levant. Paul
III tint à les rassurer sur les menaces qui faisait peser sur elles
l'Inquisition, leur promettant par un bref de février 1547 que, en cas
de procés pour apostasie, serait suel compétent un tribunal ordinaire
et non celui de l'Inquisition (décision confirmée en 1552 et 1553 par
Jules III). Mais le refuge offert par l'E'tat pontifical aux marranes
était en fait précaire. Ils furent, en premier lieu, victimes des
mesures hostiles prises à l'encontre des Juifs dès le pontificat de
Jules III (1550-1555), avec l'ordre de détruire les différents
exemplaires du Talmud (bulle du 12 aou^ 1553). Le pape Paul IV
(1555-1559), par la bulle Cum nimis absurdum du 14 juillet 1555, qui
enerma les Juifs de Rome dans un des quartiers les moins salubres de
la ville, les priva de tout bien  immobilier, leur imposa des signes
distinctifs infamants et prétendit meéme leur interdire le commerce
"noble". Frappés par les dispositions contre les Juifs, les marranes
le furent également en tant que tels. Les principales victimes de la
politique de Paul IV furent les marranes résidant à Anco^ne. En effet,
le pape envoya, en juillet 1555, un commissaire dans cette cette ville
avec ordre d'emprisonner la communauté marrane. Quelques familles
réussirent à s'enfuir vers Pesaro, vers Ferrara et d'autres localités,
mais une certaine de marranes furent jetés en prison. Le commissare,
organisa leur fuite. Cependant l'Inquisition tenait entre ses mains
une cinquantaine de marranes qu'elle soumit à la torture. La moitié
d'entre eux se "réconcilia" avec l'E'glise et ne fut condamnée qu'aux
galères à vie (il devaint s'échapper sur la route de Malte et revenir
au judaisme). Les autres subirent le martyr et furent bru^les sur le
bu^cher (avril-juin 1556). Cet événement, qui frappa beaucoup les
esprits dans les communautés juives d'Italie marque la fin du refuge
romain.
Casalino Pierluigi.