Vérité. Rousseau et Juvénal.

Rousseau fera sienne dès la "Lettre à D'Alambert sur les spectacles",
écrite en 1758, la maxime "Vitam impendere vero"(donner sa vie à la
vérité) qu'il emprunte à l'auteur latin des "Satires", Juvénal. Il la
place encore en te^te. des "Lettres écrites de la montagne de 1764".
"Les Confessions" ne démentent pas la fidélité à cet adage. Rousseau
s'y promet d'offrir Rousseau "ll seul portrait d'homme peint
exactement d'après nature et dans toute sa vérité". Seront contés les
défauts les plus odieux à la morale ordinaire. Ainsi de l'aveu de son
fétichisme, de son exhibitionnisme et des masturbations. La tentation
est grande d'y avoir l'influence du stoicisme que Juvénal subit aussi
dans sa condamnation des vices. Cependant, Rousseau ne compte pas la
sexualité au nombre des désirs naturels nécessaires pour la
tranquillité du corps. Elle demeure dans le "Discours sur l'inégalité"
et "E'mile" un fait d'institution. E'minemment soumise aux
conventions, le philosophe l'envisage depuis ses prémices les plus
innocentes, les idylles des premières sociétés, à sa pratique la plus
réprouvé, l'adultère, dont Sophie se rend coupable du point de vue de
la nature humaine pluto^t que sous le rapport des préceptes de la
religion chrétienne ou de ceux de l'Ancien Régime.
Casalino Pierluigi, Calais, 6.12.2015